Green skills, mad skills, soft kills : qui dit mieux ?

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On vous rebat les oreilles à longueur de journée avec ces “skills” – les hard, les soft, les green, les mad, les power -, mais vous n’avez pas la moindre idée de quoi il s’agit. Encore un énième terme anglo-saxon à la mode qui disparaîtra d’ici quelques années ? Un concept qui permet de mieux recruter, de mieux évaluer le potentiel des candidats ? Zoom sur ces mots made in California, tout droit sortis de la Silicon Valley.

Les soft skills : compétences comportementales

Commençons doucement. Celles-là, vous en avez sûrement déjà entendu parler. Les soft skills s’opposent aux hard skills, qui se réfèrent aux compétentes techniques concrètes : la maîtrise d’un logiciel, d’un outil, d’une langue étrangère. Elles sont généralement acquises à l’école ou pendant les études, et peuvent être évaluées facilement.

À contrario, les soft skills – aussi appelées compétences comportementales – relèvent des qualités humaines, de traits de caractères propres à chacun. Sens critique, capacité à communiquer, intelligence émotionnelle, gestion du conflit : ces aptitudes sont plus difficiles à mesurer. Parce qu’elles s’inscrivent dans le domaine du relationnel, elles ne sont pas toujours visibles lors d’un entretien – elles nécessitent de l’observation, voire une mise en situation.

C’est pourquoi de plus en plus de recruteurs intègrent des tests de personnalité ou des jeux de rôle dans leurs process. Objectif : cerner la manière dont un candidat interagit, réagit, coopère ou s’adapte dans un contexte donné.

Les green skills : compétences vertes

Les choses se corsent. De plus en plus, les offres d’emploi évoquent des “green skills”, ou “compétences vertes”. Et si vous avez deviné que ces compétences sont en rapport avec l’environnement, vous avez vu juste. Elles désignent des aptitudes essentielles à la mise en place de pratiques durables et respectueuses de l’environnement au sein des entreprises.

Elles se divisent en :

  • Compétences techniques : savoir faire un bilan carbone, connaître les réglementations et les enjeux environnementaux, gérer les ressources énergétiques…
  • Compétences transversales : adopter une vision systémique, s’inscrire dans une approche prospective, travailler en mode collectif, être éthique et responsable, devenir un moteur du changement.

Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce type de compétences sont de plus en plus prisées des entreprises, à l’aube d’un basculement global vers des modèles économiques plus responsables. La preuve : d’après le Global Green Skills Report de Linkedin, en 2023, le nombre de fiches de poste requérant au moins une green skills a augmenté de 22,3 % par rapport à l’année précédente.

Le message est clair : celles-ci ne sont plus réservées aux métiers de l’environnement ou aux départements RSE. Elles deviennent transversales, attendues dans tous les secteurs, tous les métiers, tous les niveaux de responsabilité.

Recruter, former et valoriser ces compétences est désormais un enjeu stratégique : pour répondre aux exigences réglementaires, mais aussi pour anticiper les attentes sociétales et renforcer sa marque employeur.

Les mad skills : compétences atypiques

Les “compétences folles”, et puis quoi encore ? Traduit de l’anglais, on pourra aussi parler de compétences atypiques ou originales. Et plus précisément, le terme désigne la maîtrise d’une activité dans un domaine sportif, artistique, culturel… Mais pas que.

C’est ce petit plus qui fait la différence face aux autres candidats : une caractéristique dans le parcours professionnel ou personnel, un hobby un peu singulier, un projet ou un voyage hors du communs… En bref, c’est ce petit grain de folie qui démarque un talent d’un autre – et qu’il va accentuer volontairement pour se démarquer.

Voici quelques exemples de mad skills :

  • Être un ancien sportif de haut niveau ;
  • Avoir fait du bénévolat ou monté une association ;
  • Avoir monté une entreprise ;
  • Avoir fait le tour du monde à pied, ou gravi une montagne ;
  • Avoir écrit un roman ;
  • Être joueur d’échec classé

Autant d’expériences qui, bien qu’éloignées du cadre professionnel classique, révèlent des qualités précieuses en entreprise : résilience, leadership, créativité, capacité d’adaptation, esprit d’initiative, rigueur…

Ces compétences atypiques permettent souvent de sortir du lot, notamment dans les secteurs où le savoir-être et la différenciation comptent autant que les compétences techniques.

Dans un monde du travail en pleine évolution, les recruteurs sont de plus en plus sensibles à ces parcours singuliers. Mettre en avant ses mad skills, c’est aussi revendiquer sa personnalité, ses valeurs, et sa manière unique d’aborder les défis. Bref, une façon authentique d’enrichir son profil… et de marquer les esprits.

Les power skills : compétences interpersonnelles

Après les mad skills, les power skills – souvent qualifiées de “super soft skills”. Mais qu’ont-elles de plus que leurs cousines comportementales ? Pourquoi ce nouveau terme, encore une fois importé de la Silicon Valley, fait-il autant parler de lui dans les RH, les écoles et les entreprises ?

Parce qu’il ne s’agit pas d’un simple rebranding marketing : les power skills représentent un véritable changement de regard sur les compétences humaines.

Là où les soft skills recouvrent un spectre assez large de comportements et d’attitudes (écoute, empathie, gestion du stress…), les power skills mettent l’accent sur les compétences humaines clés qui font la différence dans les environnements complexes, changeants et incertains.

On parle ici de leadership, d’intelligence émotionnelle, de communication impactante, de pensée critique, de résilience ou encore de collaboration à haut niveau.

Pourquoi “power” ? Parce que ces compétences ont un impact direct et mesurable sur la performance des individus, des équipes et des organisations. Ce sont elles qui permettent :

  • de naviguer avec agilité dans des contextes incertains ;
  • de travailler efficacement en transversal, en mode projet ou en équipe pluridisciplinaire ;
  • de fédérer, influencer, motiver, même sans hiérarchie directe ;
  • de prendre des décisions complexes, avec nuance et discernement ;
  • de faire preuve de leadership responsable, au service d’un collectif.

En résumé, les power skills ne sont pas des “plus” ou des “à-côtés” : elles sont devenues essentielles à tout métier, tout niveau de responsabilité, toute organisation.

Compétences : l’atout secret des talents de demain

Au-delà de simples concepts anglo-saxons à la mode, la montée en puissance des skills traduit une transformation de fond dans la manière d’évaluer, de recruter et de fidéliser les talents.

Face à un monde du travail en mutation rapide, les entreprises n’ont plus d’autre choix que de dépasser le simple prisme des diplômes ou de l’expérience. Ce qu’elles recherchent aujourd’hui, ce sont des profils capables d’apprendre, d’évoluer, de s’adapter et de porter du sens.

Les soft skills permettent d’anticiper la compatibilité humaine avec une équipe, les green skills répondent à une exigence sociétale et réglementaire, les mad skills incarnent la singularité, l’audace, l’envie d’entreprendre.

Autant de dimensions qui, intégrées dans une politique RH cohérente, deviennent des leviers puissants pour renforcer l’attractivité, améliorer l’expérience collaborateur et développer une marque employeur sincère. Miser sur les compétences, c’est investir dans l’humain, dans le potentiel, dans l’avenir. C’est faire le choix d’une politique RH plus stratégique, plus inclusive, plus visionnaire.

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