Face aux bouleversements environnementaux et sociaux qui touchent la planète, les citoyens mais aussi les entreprises se sentent plus concernés que jamais. C’est là qu’intervient la responsabilité sociale, ou sociétale, des entreprises (RSE), qui reprend les valeurs du développement durable. Si certaines entreprises ont formalisé des démarches RSE par obligation, d’autres l’ont fait par conviction.
Parfois vécue comme une contrainte supplémentaire, une démarche de responsabilité sociale ou sociétale contribue pourtant à développer la performance globale de l’entreprise tout en ayant un impact positif sur l’environnement. Explications.
Définition de la RSE
La commission européenne désigne la responsabilité sociétale des entreprises comme les effets produits par leurs activités sur la société et l’environnement. L’engagement des entreprises dans une démarche RSE signifie donc intégrer les préoccupations sociales et environnementales à leurs activités et leurs relations avec les parties prenantes.
La responsabilité des entreprises vis-à-vis des questions éthiques, sociétales et environnementales doit être pleinement assumée pour respecter plus largement les droits humains, assurer la préservation de l’environnement, mais aussi l’éthique des affaires. En effet, la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de son activité doit pouvoir être évaluée.
Quelles obligations pour les entreprises ?
Partie intégrante de la stratégie RH d’entreprise, la démarche RSE peut être obligatoire ou volontaire.
Les entreprises concernées
L’obligation légale de reporting RSE qui s’appliquait à l’origine uniquement aux entreprises cotées en bourse s’est étendue, depuis la loi Grenelle 2, aux grandes entreprises de 500 salariés et plus, réalisant un CA de 100 millions d’euros. Ce rapport extra-financier a été remplacé en 2017 par un autre document : la déclaration de performance extra-financière (DPEF).
Plus exigeante mais davantage adaptée aux spécificités de chaque entreprise, la DPEF comporte : le modèle d’affaires, les principaux risques sur de grandes thématiques non financières, les politiques et diligences mises en œuvre pour y répondre et leurs résultats et indicateurs clés de performance.
Une communication plus transparente
En mettant à disposition ces informations extra-financières, l’entreprise communique sur son mode de gouvernance, les implications de ses décisions et de ses activités sur la sphère sociale, environnementale et sociétale. La DPEF constitue donc une base solide pour les échanges à venir et renforce la transparence de l’entreprise vis-à-vis de ses parties prenantes. De plus, elle incite les dirigeants à adopter les bons comportements en matière de stratégie RSE.
L’évaluation
• Par des OTI
Dans les dispositions obligatoires instaurées par la loi figure également la vérification de la DPEF par un organisme tiers indépendant (Code de commerce art.R225-104). Celui-ci produit un rapport motivé sur la conformité de la déclaration de performance extra-financière et sur la transparence des informations.
• Par des investisseurs
Par ailleurs, des agences privées de notation extra-financière, rémunérées par des investisseurs, sont chargées de noter les acteurs économiques sur l’ensemble des critères relatifs à la politique sociale et environnementale.
Pour ce faire, elles s’appuient sur les critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui montrent de quelle manière le développement durable et les enjeux de long terme sont intégrés dans la stratégie des entreprises. Parmi ces critères, figurent notamment la consommation énergétique (environnement), la formation des collaborateurs (social) ou encore la parité au sein des conseils d’administration (gouvernance).
Normes et labels
Parmi les normes de développement durable, la norme ISO 26000 est la norme internationale de référence, sans objectif de certification. Elle contient des lignes directrices pour aider les entreprises et les organisations à mettre en place une démarche RSE.
Pour les entreprises qui souhaitent s’engager dans une démarche plus en profondeur ou celles qui désirent faire de la RSE une raison d’être, le label Lucie permet d’obtenir une reconnaissance en tant que sociétés responsables. D’autres labels existent comme le label Finansol (financement solidaire), le label Greenfin (financement des transitions), le label ISR (investissement socialement responsable) etc.
Les modalités de mise en place
Pour réussir sa démarche RSE, il est essentiel de répondre aux attentes des parties prenantes (collaborateurs, clients, partenaires, investisseurs…) et donc de les consulter ou de les impliquer dans son élaboration. Pour se faire aider, les entreprises peuvent avoir recours à un diagnostic RSE afin d’évaluer les pratiques responsables mises en œuvre et celles qui restent à développer.
Définir un plan d’action
Certaines entreprises ont intégré les enjeux du développement durable sans engager une démarche RSE organisée, menant au fil de l’eau des actions responsables, sociales et environnementales. Or, structurer sa démarche, avec la mise en place d’un plan d’actions prioritaires, garantit la pérennité et la durabilité du processus. Cela commence par un dialogue avec les parties prenantes sur les questions centrales définies par la norme iso 26000 :
- La gouvernance de l’organisation
- Les droits de l’homme
- Les relations et les conditions de travail
- L’environnement
- La loyauté des pratiques
- Les questions relatives aux consommateurs
- Les communautés et le développement local.
En lien avec l’activité de l’entreprise
Instaurer une politique RSE en cohérence avec l’activité de l’entreprise permet également aux parties prenantes internes de mieux se l’approprier et de respecter les pratiques mises en place. Par exemple, un groupe engagé dans le secteur des services peut étoffer son département « réclamations » en formant et en recrutant des collaborateurs supplémentaires.
La qualité de la relation client étant au cœur de ses préoccupations sociales, il a tout intérêt à réduire le temps d’attente, à apporter des réponses qualitatives et à mener des enquêtes de satisfaction auprès des consommateurs. Sensibilisés aux objectifs de développement durable, les collaborateurs peuvent plus facilement s’engager dans cette démarche.
Quelle forme ?
Qu’elle soit obligatoire ou volontaire, il est indispensable de formaliser la démarche, dans le premier cas, par la DPEF, intégrée au rapport de gestion de l’entreprise, ou, dans le second cas, par l’élaboration d’une charte éthique, d’un référentiel ou d’un rapport RSE. C’est en effet ce document qui sert de référence et qui sera communiqué aux parties prenantes. Il permettra d’évaluer par la suite, avec des KPI RH pertinents, le succès des actions mises en place.
Les actions environnementales
Les actions en matière de protection de l’environnement concernent tout un chacun et les entreprises doivent agir pour limiter les impacts environnementaux de leurs activités commerciales et de production.
En effet, la survie des entreprises dépend de leur capacité d’adaptation et de préservation de l’environnement : avec la crise des matières premières, notamment, la réduction des stocks venus de l’étranger s’est fait ressentir. Revoir le choix de ses fournisseurs, des matériaux ou son processus de fabrication est susceptible de représenter une alternative durable.
Des choix durables
• Limiter son empreinte carbone
La politique RSE de l’entreprise peut prévoir de réduire l’émission des gaz à effet de serre, de privilégier les modes de transport doux et de limiter les déplacements (bilan carbone). Les multinationales sont particulièrement concernées, avec des filiales à l’étranger.
On peut noter par ailleurs que, hormis la norme iso 26000 de l’AFNOR, il n’existe pas de normes internationales mais plutôt des principes directeurs donnés par l’OCDE tels que le respect des droits de l’homme et de l’environnement, la lutte contre la corruption, un code de conduite raisonnable dans les relations professionnelles etc.
• Une politique d’achats responsables
L’entreprise a donc la responsabilité de promouvoir les pratiques de développement durable et de sensibiliser les parties prenantes pour les faire contribuer à la démarche RSE. En initiant une politique d’achats responsables, elle peut mesurer les impacts de ses décisions à la fois au niveau environnemental et économique : on parle aussi d’économie circulaire ou de circuits-courts.
Ainsi, libre à elle de choisir ses sous-traitants en fonction de leurs impacts environnementaux, de privilégier les fournisseurs locaux ou encore de préserver la biodiversité.
• Produire durablement
En matière de production, il est également possible de réduire ses impacts sur l’environnement, avec la mise en place d’actions concrètes : privilégier l’éco-conception, mener une politique RH de gestion des déchets et de recyclage…
Les actions sociales et sociétales
Les DRH ont également un rôle majeur à jouer vis-à-vis de la RSE, en particulier sur le plan social et sociétal. C’est pourquoi la démarche RSE doit également être intégrée à la stratégie RH de l’entreprise.
En effet, la RSE concerne les ressources humaines sur de nombreuses thématiques : le système de management, la santé et sécurité au travail, la lutte contre les discriminations, l’égalité professionnelle, l’intégration des personnes en situation de handicap etc. Dans sa DPEF, l’entreprise doit faire figurer les rubriques qui concernent son activité et les risques potentiels identifiés, ainsi que les actions mises en place, avec leurs KPI.
Par exemple, un management durable favorise l’engagement des collaborateurs. Dans le cas contraire, le risque encouru est de constater une baisse de la productivité.
Autres exemples d’actions sociales et sociétales : Une entreprise prônant l’égalité des chances pourra élaborer un processus de recrutement sans CV ou basé sur les compétences, favoriser l’embauche des personnes en situation de handicap, ou encore renforcer la mixité sociale et l’égalité entre les femmes et les hommes.
Le mécénatIl est également possible d’exercer sa responsabilité sociale avec la mise en place d’actions de mécénat. Ces actions témoignent aussi d’une prise en considération par l’entreprise de l’intérêt général, indépendamment – ou non – de l’intérêt économique, car le mécénat permet également de bénéficier de déductions fiscales.
Cela peut passer par la création d’une fondation, ou de dons au profit d’une cause proche de l’activité de l’entreprise ou à laquelle le dirigeant est sensible.
Les bénéfices de la RSE pour l’entreprise
Malgré les contraintes formelles, les bénéfices de la RSE sont nombreux. En voici quelques-uns :
- Les achats durables rendent les entreprises plus performantes économiquement tout en réduisant leurs déchets et leur empreinte carbone.
- Être une entreprise éco-responsable, c’est aussi valoriser l’économie sociale et solidaire en faisant travailler les acteurs locaux. Ces bénéfices sociétaux ont également des conséquences sur la réduction des impacts environnementaux liés aux déplacements et diminue les coûts de transport, de logistique, voire de stockage.
- Une entreprise responsable peut répondre à des appels d’offre qui incluent de plus en plus souvent une clause de développement durable.
- Une démarche RSE bien menée renforce l’attractivité de la marque employeur. De fait, elle attire davantage de clients et peut développer son chiffre d’affaire.
- Avec une attention particulière portée à l’humain, une entreprise socialement responsable attire également les candidats et fidélise les collaborateurs. À condition de remplir sa promesse et que les valeurs affichées à l’externe coïncident avec la réalité.
- Si chaque citoyen, à son échelle, est en mesure d’adopter les bons gestes, les entreprises quant à elles ont un rôle majeur à jouer en matière de développement durable.
En effet, à l’heure où les changements climatiques bouleversent la planète, les entreprises sont au premier rang des acteurs « responsables », avec un périmètre d’intervention et de gestion des risques très large. Enfin, pour que la RSE soit performante, l’entreprise durable doit s’engager dans une stratégie d’amélioration continue sur le long terme.