Égalité salariale : le plafond de verre résiste toujours en 2025

Partagez cet article

Le lundi 10 novembre, à 11h31 précises, les femmes de France ont symboliquement commencé à travailler “gratuitement” pour le reste de l’année. En cause : un écart salarial moyen de 14,2 % entre les femmes et les hommes, selon les dernières données de l’Insee.

Un chiffre qui, année après année, peine à reculer. Alors que l’annonce de cette date marque désormais un rituel militant, c’est l’occasion de faire le point : où en est réellement l’égalité salariale en cette fin d’année 2025 ?

Travailler “gratuitement” : un symbole qui en dit long

Derrière cette formule choc – “travailler gratuitement” – se cache une réalité économique persistante.

À temps de travail et poste équivalents, les femmes continuent de percevoir un salaire inférieur à celui des hommes. Si l’écart se resserre lentement, la progression reste trop lente pour espérer une égalité réelle avant… l’an 2167.

Autrement dit, il faudrait encore plus de 140 ans pour atteindre la parité salariale si le rythme actuel se maintient. Une perspective difficile à accepter, alors que les politiques publiques et les mobilisations se multiplient depuis des décennies.

Les raisons de cet écart sont multiples :

  • La ségrégation professionnelle (les femmes restent surreprésentées dans les métiers les moins rémunérés : soins, éducation,…) ;
  • Le plafond de verre qui freine leur accès aux postes de direction ;
  • Les interruptions de carrière plus fréquentes, notamment liées à la maternité ;
  • Et parfois, une sous-évaluation du travail “féminin” dans certaines filières.

L’évolution des salaires hommes/ femmes à travers le temps

Si l’on regarde dans le rétroviseur, la situation a malgré tout progressé. Selon une étude de l’INSEE, en 1995, l’écart moyen de rémunération dépassait les 20 %.

Les années 2000 ont marqué un léger resserrement grâce à la massification de l’emploi féminin et à l’essor de politiques d’égalité professionnelle.

Mais depuis une dizaine d’années, la courbe semble s’essouffler. Les écarts stagnent autour de 14 %, en particulier dans le privé.

Autre tendance notable : plus on monte dans la hiérarchie, plus l’écart se creuse. Chez les cadres, il atteint encore près de 12% d’après une étude de l’Apec.

La mixité des métiers, elle, évolue à pas comptés : à peine 17 % des métiers sont considérés comme véritablement mixtes en 2025.

La France, ni mauvaise élève… ni première de classe

L’écart salarial entre les sexes reste une réalité européenne. Selon Eurostat, en 2023, les femmes gagnaient en moyenne 12,0 % de moins que les hommes dans l’UE.

La France se situe donc dans la moyenne haute, mieux que l’Allemagne (17,7 %) ou l’Autriche (18,3 %), mais derrière la Belgique ou le Luxembourg, souvent cités en modèles.

Ces différences s’expliquent par des politiques nationales contrastées :

  • Certains pays imposent la transparence salariale et des audits obligatoires dans les grandes entreprises ;
  • D’autres encouragent les quotas dans les conseils d’administration ou les plans d’action négociés chaque année avec les partenaires sociaux.

La France a, elle aussi, mis en place un Index de l’égalité professionnelle depuis 2019, imposant aux entreprises de plus de 50 salariés de publier un score sur 100.

Mais l’efficacité du dispositif interroge : près de la moitié des entreprises concernées obtiennent des notes “moyennes” sans réelle amélioration de fond.

La transparence salariale : solution miracle ?

En 2026, le mot d’ordre est clair : plus de transparence.

La directive européenne sur la transparence salariale, entrée en vigueur cette année, oblige désormais les entreprises de plus de 100 salariés à communiquer les écarts de rémunération par sexe et par poste.

L’objectif visé : permettre aux salariés de connaître la grille salariale, d’identifier les écarts injustifiés et d’agir plus facilement en cas de discrimination.

Mais là encore, la transparence seule ne suffit pas.

Si elle met en lumière les inégalités, elle ne résout pas les causes structurelles : la répartition genrée des métiers, la charge mentale, ou encore la sous-valorisation économique des compétences traditionnellement féminines.

En bref, pour atteindre l’égalité, il reste du travail (non-rémunéré)…

A propos de l’auteur/autrice

Ces articles pourraient également vous intéresser