L’hyperconnexion est désormais au coeur de notre quotidien. Mais quand elle commence au bureau et se poursuit à la maison, comment garantir la déconnexion ? Quelles sont les conséquences sur la santé des salariés ? Et comment les entreprises – et les RH – peuvent agir à leur échelle pour limiter les dégâts ? Décryptage de la dernière étude Verbateam intitulée “salariés hyperconnectés : la déconnexion impossible ?”
L’hyperconnexion au travail…
Il y a quelques décennies seulement, qui eût pensé que les ordinateurs, les tablettes et les smartphones deviendraient l’outil de travail principal de la majorité des salariés ?
Et pourtant, selon l’étude Verbateam, ils s’imposent aujourd’hui comme la norme pour 78% des employés français, dont l’activité professionnelle implique un travail derrière un écran. Pour 46% d’entre eux, il s’agit même de la majeure partie de leur travail qui se fait de cette manière.
Et si les salariés sont supposés ranger leur ordinateur professionnel une fois la journée terminée, 43% se connectent plus de 2h par jour pour travailler en dehors de leurs horaires de travail.
Un constat qui attire l’attention sur la pression au travail et la déconnexion des actifs, alors même qu’il s’agit d’un droit encadré par le Code du Travail. Pour rappel, un salarié n’est pas tenu d’être connecté aux outils numériques professionnels en dehors de ces heures de travail, ni de répondre aux sollicitations de son employeur ou ses collègues.
… mais aussi à la maison
Une fois rentrés chez eux, les salariés continuent d’être exposés aux écrans – et ce, peu importe les générations :
- 29% des répondants passent 5 heures ou plus devant un écran pour des raisons personnelles en dehors de leurs jours de travail.
- 62% des répondants ont besoin des écrans même pendant leur temps de repos avec le sentiment, pour la majeure partie d’entre eux, qu’il s’agit plus d’un automatisme (66%).
Et c’est précisément là où le bât blesse. La majorité des actifs français sont continuellement connectés, du matin au soir, sur le temps professionnel et personnel. Autrement dit, la journée connectée ne s’arrête pas à la badgeuse : le fil des notifications entretient une hyper-stimulation continue qui grignote le temps de récupération.
Les conséquences de l’hyperconnexion sur la santé
L’hyperconnexion n’est pas sans conséquences – que ce soit sur la santé physique, mentale, et même sur les relations sociales – et l’étude le montre. En effet, les trois quarts des salariés ont déjà ressenti des effets négatifs liés à leur usage du numérique, parmi lesquels :
- De la fatigue oculaire (84 %) ;
- Des troubles du sommeil (76 %) ;
- Des difficultés de concentration (77 %) ;
- Un sentiment de pression constante (78 %) ;
- Du stress et de l’anxiété face aux sollicitations numériques (71 %).
Côté vie personnelle, beaucoup estiment que les écrans prennent le pas sur d’autres activités, comme le sport, la lecture, ou tout simplement le repos (83%). Pire encore, 71% rapportent qu’ils réduisent leurs interactions sociales.
La frontière entre temps professionnel et personnel devient alors poreuse, le fil des notifications prolongeant insidieusement la journée de travail jusque dans le salon ou la chambre à coucher.
Au-delà du bien-être individuel, ces effets ont un véritable impact sur la vie en entreprise : perte de concentration, baisse de qualité du travail, fatigue accrue et multiplication des erreurs – un terrain fertile pour les RPS et le burn-out.
L’hyperconnexion mine donc la performance collective autant qu’elle fragilise la santé des salariés.
Comment les entreprises et les RH peuvent agir ?
La bonne nouvelle, c’est que les salariés ont pleinement conscience du sujet : 65 % se sentent dépendants aux écrans et veulent inverser la tendance. Et s’ils restent acteurs de leurs usages sur le temps personnel, l’entreprise a un rôle décisif sur le temps de travail.
Or, malgré une attente forte (75 % demandent un encadrement des sollicitations hors horaires et 74 % souhaitent intégrer le droit à la déconnexion au management), le passage à l’action demeure timide. Seuls 35 % des salariés affirment que leur entreprise agit, et 16 % seulement en sont sûrs.
Concrètement, les mesures citées restent partielles : limitation du temps d’écran (37 %), alternatives aux écrans (24 %), actions de sensibilisation (8 %).
Utile, mais insuffisant sans une approche plus structurée : cadrage des horaires de sollicitation, exemplarité managériale, temps de concentration, et intégration du sujet dans les accords ou la politique RH.
Car la déconnexion ne se décrète pas simplement en rappelant qu’il est interdit d’envoyer des mails après 18h. Il s’agit d’un travail collectif et progressif, qui implique managers, RH et collaborateurs, et finit pas s’infuser dans la culture de l’entreprise.