14.000 licenciements chez Amazon : la vague de l’IA continue de déferler 

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Après Microsoft et Meta, c’est au tour d’Amazon de supprimer des milliers d’emploi. Le géant de la livraison américain a annoncé la semaine dernière vouloir se séparer de 14 000 salariés, et entreprend un mouvement d’ampleur qui pourrait aller jusqu’à toucher 30 000 postes à travers le monde. Une “réduction globale” liée à l’IA.

Réduire les coûts pour être plus efficace

En pleine course mondiale à l’intelligence artificielle, les grands groupes cherchent à rationaliser leurs dépenses pour dégager des marges de manœuvre financières. L’objectif n’est plus seulement de survivre dans un contexte économique incertain, mais d’investir massivement dans l’IA, considérée comme le futur moteur de performance et de compétitivité.

Chez Amazon, la logique est claire : concentrer les ressources humaines et financières sur les domaines à fort potentiel technologique. Derrière la “réduction globale” évoquée par la direction, il s’agit de réallouer le capital (humain et budgétaire) vers des projets d’automatisation et de développement de solutions basées sur l’IA.

Beth Galetti, vice-présidente chargée des ressources humaines et de la technologie, l’a résumé : “devenir plus fort encore, en réduisant davantage la bureaucratie, en supprimant des niveaux hiérarchiques et en réaffectant des ressources.” Autrement dit, réduire les coûts pour accélérer la transformation, et non pour se replier.

Les fonctions les plus touchées par cette réorganisation sont celles où la valeur ajoutée humaine est jugée remplaçable ou optimisable par la technologie : ressources humaines, fonctions support, encadrement intermédiaire, analytique. Un signal fort envoyé au marché : la performance se mesurera désormais autant en efficacité opérationnelle qu’en capacité d’innovation.

La marche inéluctable vers l’automatisation

Quoi qu’on en dise, l’intelligence artificielle s’immisce de plus en plus dans le marché de l’emploi. Mais est-elle pour autant une menace directe ? Car si elle permet d’automatiser les tâches administratives chronophages, elle déplace dans le même temps la valeur des métiers des métiers vers la conception, le pilotage et l’arbitrage (et moins vers l’opérationnel).

Ce qui se profile donc, c’est une double vague : des suppressions de postes là où la technologie apporte un meilleur levier (fonctions support, analytique, encadrement intermédiaire) et, en miroir, l’émergence de rôles hybrides plus proches de la donnée et des produits (ops IA, data product, prompt/design conversationnel).

Le mouvement est assumé par les directions : présentée comme “la technologie la plus transformative depuis Internet”, l’IA doit permettre d’innover plus vite et d’alléger les effectifs de bureaux à horizon proche, comme l’a indiqué Andy Jassy chez Amazon.

Dans la même logique, Goldman Sachs déploie OneGS 3.0 pour rationaliser ses opérations via l’IA, avec plusieurs milliers de postes touchés, surtout dans les fonctions support et analytiques. Après Microsoft et Meta, ces annonces confirment une trajectoire commune : faire mieux, plus vite, avec moins de couches, et réallouer les ressources vers les chaînes de valeur où l’IA crée réellement de l’avantage compétitif.

Vers une mutation structurelle du modèle de l’emploi

Cette succession d’annonces ne relèvent pas de simples ajustements budgétaires : elles traduisent une mutation structurelle du modèle de l’emploi.

L’intelligence artificielle n’est plus un simple outil d’optimisation, mais un levier stratégique qui redéfinit la valeur du travail. La question n’est plus de savoir quelles tâches automatiser, mais plutôt de déterminer quels sont les métiers qui resteront pertinents dans un monde pleinement automatisé.

Le paradigme traditionnel selon lequel la croissance s’appuie sur la masse salariale se voit ainsi remis en cause. Les entreprises cherchent désormais à faire mieux, plus vite, avec moins, en substituant au volume humain la puissance de calcul, la data et l’automatisation. La performance ne se mesure plus en effectifs, mais en agilité et en capacité d’innovation.

Pour les organisations, le véritable enjeu ne réside donc pas seulement dans la réduction des postes, mais dans la recomposition des compétences : requalification, mobilité interne, montée en expertise autour de l’IA. Car dans cette nouvelle économie du travail, les métiers ne disparaissent pas : ils changent de nature.

Et la valeur des talents se joue désormais dans leur capacité à travailler avec la machine, plutôt que contre elle.

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