Alternance : ce qui change au 1er juillet 2025

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C’est un tournant majeur pour l’alternance. Depuis 2018, ce mode de formation a conquis les entreprises françaises, avec un nombre de recrutements d’apprentis multiplié par 2,7 en cinq ans. La réforme portée par la loi “pour la liberté de choisir son avenir professionnel” a ouvert la voie à une véritable révolution dans l’accès à l’emploi et à la montée en compétences des jeunes.

Mais à compter du 1er juillet 2025, les règles du jeu changent. L’État redéfinit son soutien au dispositif avec une ambition claire : réconcilier performance économique, efficacité de la formation et rigueur budgétaire. Résultat : de nouvelles conditions de financement s’imposent aux entreprises, avec des impacts concrets sur le coût réel d’un contrat d’apprentissage.

Quels changements concrets attendre ? Quelles précautions prendre avant de signer un nouveau contrat ? Voici ce qu’il faut savoir pour aborder sereinement l’alternance version 2025.

En bref…

🚨 Changements majeurs

  • Coût pour l’employeur à partir de Bac+3 :

→ Forfait de 750 € par contrat (réduit à 200 € si rupture + nouveau contrat)

→ Collecté par le CFA après les 45 jours de période probatoire

  • Financement OPCO au jour près

→ Plus de calcul « au mois », mais prorata journalier

→ Risque de financement réduit en cas de contrat court ou interrompu

  • Formations majoritairement à distance : -20 %

→ Si ≥ 80 % à distance, réduction de l’aide OPCO (plancher : 4 000 €)

→ Attention au reste à charge accru

Un nouveau cadre financier pour l’alternance

Participation financière obligatoire dès Bac+3

Premier changement de taille : les entreprises devront désormais mettre la main à la poche pour certaines formations. À partir du 1er juillet 2025, tout contrat d’apprentissage visant un diplôme de niveau Bac+3 ou supérieur (niveau 6 et plus) impliquera une participation forfaitaire obligatoire de 750 €, à régler une fois la période probatoire écoulée. Cette somme sera directement collectée par le centre de formation (CFA).

En cas de rupture anticipée du contrat suivie d’une nouvelle embauche, ce montant pourra être réduit à 200 €, afin de limiter l’impact financier pour l’entreprise.

À noter : la période probatoire correspond à 45 jours de travail effectif en entreprise – les jours de formation ne sont pas pris en compte. Ce nouveau mécanisme marque un tournant, en instaurant un reste à charge systématique sur les formations supérieures, jusqu’ici intégralement financées.

Financement OPCO au prorata journalier

Autre évolution majeure : la manière dont les contrats sont pris en charge par les OPCO (opérateurs de compétences) change en profondeur. Fini le financement calculé « au mois entamé » : à partir du 1er juillet 2025, la prise en charge sera désormais calculée au jour près, en fonction de la durée réelle du contrat.

Si cette méthode apporte davantage de précision et vise à limiter les abus, elle peut aussi réduire le montant total pris en charge, notamment en cas de rupture anticipée.

Résultat : le reste à charge indirect pour l’entreprise pourrait augmenter, en particulier pour les contrats courts ou interrompus en cours de route. Un changement technique, certes, mais qui aura des effets très concrets sur la gestion budgétaire des recrutements en alternance.

Formation majoritairement à distance : financement réduit

Dernier point à anticiper : les formations dispensées majoritairement à distance verront leur financement diminuer. Concrètement, si 80 % ou plus de la formation est réalisée en ligne, la prise en charge par l’OPCO sera réduite de 20 %, avec toutefois un plancher fixé à 4 000 €.

Cette mesure vise à encourager une présence minimale en présentiel, considérée comme un gage de qualité pédagogique et d’accompagnement. Les entreprises qui envisagent de signer un contrat avec un CFA 100 % distanciel doivent donc anticiper un reste à charge supplémentaire, non négligeable dans certains cas. Là encore, une bonne coordination avec le centre de formation en amont est indispensable.

Des nouvelles conditions d’éligibilité aux aides en 2025

En parallèle de la réforme du financement, les conditions d’éligibilité aux aides à l’embauche en alternance sont revues. À partir du 1er juillet 2025, l’aide à l’embauche d’un alternant ne sera plus automatique : elle dépendra désormais du niveau de diplôme préparé et de la taille de l’entreprise.

Pour les entreprises de moins de 250 salariés

Pour les entreprises de moins de 250 salariés, l’aide ne s’appliquera que si l’apprenti prépare un diplôme ou un titre de niveau Bac+5 à Bac+7, et elle ne sera versée que pendant la première année du contrat.

Pour les entreprises de 250 salariés ou plus

Pour les entreprises de 250 salariés ou plus, les règles sont un peu différentes. L’alternant devra préparer un diplôme jusqu’au niveau Bac+7, mais l’accès à l’aide sera conditionné au respect de quotas d’insertion. Les employeurs devront remplir au moins l’un des deux critères suivants (sous réserve de confirmation par décret) :

  • Compter au moins 5 % de contrats favorisant l’insertion professionnelle ;
  • Ou atteindre au moins 3 % d’alternants, avec une progression d’au moins 10 % par rapport à l’année précédente.

Ces nouvelles exigences visent à concentrer l’effort public sur les parcours les plus professionnalisants, tout en encourageant les grandes entreprises à s’engager davantage en faveur de l’alternance.

Quel avenir pour l’alternance ?

La réforme du financement de l’apprentissage qui entre en vigueur le 1er juillet 2025 marque un tournant décisif pour l’alternance en France. En resserrant les conditions de financement et d’éligibilité aux aides, l’État envoie un signal clair : il s’agit désormais de concilier volume et qualité, avec un effort ciblé sur les formations les plus stratégiques et les pratiques les plus vertueuses.

Pour les entreprises, cela implique plus de vigilance en amont : vérifier les niveaux de diplôme concernés, anticiper les coûts réels du contrat, s’assurer de la conformité avec les quotas ou les conditions pédagogiques… autant de réflexes à intégrer dans les processus RH.

L’alternance reste un levier puissant d’insertion professionnelle, mais son pilotage devient plus technique, plus sélectif et plus exigeant. Dans ce nouveau cadre, bien s’entourer et bien s’informer seront les clés pour continuer à en tirer tous les bénéfices.

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