Et si on arrêtait de dire que “les salariés sont désengagés” ?
La dernière étude internationale Pluxee-Ipsos, menée auprès de 8 700 collaborateurs dans 10 pays différents, raconte une toute autre histoire : les employés restent impliqués… mais à leurs conditions. Décryptage d’une nouvelle ère de l’engagement raisonné.
Un engagement toujours fort… mais plus lucide
Contrairement aux idées reçues, la relation au travail reste largement positive :
- 83 % des collaborateurs “aiment” ou “adorent” leur entreprise, un signe fort d’épanouissement au travail.
- Leur bien-être au travail atteint même la note de 7,8/10.
Les salariés ne rejettent donc pas l’entreprise. Ils y voient un lieu de développement, de lien social, parfois même de fierté.
Mais – et c’est là que tout change – le travail n’est plus le centre de leur vie.
Toutes générations confondues, ils le considèrent comme important, mais dans une équation de vie plus large, où s’ajoutent engagements personnels, familiaux, citoyens. 71 % des répondants déclarent que le travail est essentiel, mais pas leur unique priorité. Une vision particulièrement forte chez les 18-24 ans, ce qui conforte l’opinion selon laquelle la Génération Z privilégie l’équilibre vie pro/ vie perso.
L’engagement raisonné : s’investir, oui, mais pas à n’importe quel prix
Lorsqu’on demande à quel point ils sont impliqués dans leur travail, les réponses dessinent un large spectre d’engagement :
- 6 % : “Je fais le strict minimum”
- 14 % : “Je respecte mon contrat, pas plus”
- d34 % : “Je fais ce que mon manager attend, mais je sais poser des limites”
- 46 % : “Je m’investis autant que possible”
La majorité n’est donc ni dans le retrait ni dans le sacrifice : elle se situe dans une zone médiane assumée, où l’on s’engage, mais sans renoncer à ses valeurs, à sa santé mentale ou à sa vie personnelle.
C’est ce que l’étude nomme l’engagement raisonné : les salariés font le choix conscient de s’investir, tout en fixant des garde-fous pour préserver l’équilibre entre travail, vie privée et engagements sociétaux.
Huit visages de l’engagement : une mosaïque de rapports au travail
Pour aller plus loin, l’étude Pluxee-Ipsos a identifié 8 portraits d’employés, qui montrent à quel point l’engagement prend des formes variées :
- Les conformistes (18 %) : loyaux tant que leur travail reste intéressant et que l’organisation soutient des causes qui font sens pour eux.
- Les détachés (17 %) : la vie avant tout ; ils privilégient les emplois offrant du temps de repos et peu d’emprise sur leur vie personnelle.
- Les idéalistes (17 %) : très exigeants sur le sens, les conditions de travail, et l’impact de leur mission.
- Les dévoués (13 %) : le travail est au centre de leur vie, avec un très fort niveau d’investissement.
- Les multi-engagés (12 %) : souvent expérimentés, ils veulent qu’on reconnaisse leurs multiples projets et responsabilités.
- Les enthousiastes (10 %) : pour eux, travail et vie personnelle sont tout aussi importants, dans une forme d’équilibre dynamique.
- Les pragmatiques (9 %) : la famille et la vie perso d’abord ; ils apprécient leur entreprise, mais ne conditionnent pas leur loyauté à son engagement sociétal.
- Les solidaires (4 %) : très tournés vers l’intérêt général, sensibles aux causes éducatives, environnementales ou sociales.
Ces profils ne sont pas figés : les étapes de vie font évoluer le rapport au travail. Avec l’âge, les collaborateurs donnent plus de place à leur vie personnelle et réajustent l’intensité de leur engagement professionnel.
Ce que les salariés attendent vraiment de leur entreprise
Lorsqu’on leur demande ce qui contribue le plus à leur épanouissement, la réponse est claire :
- 43 % citent d’abord une ambiance de travail agréable et bienveillante ;
- 38 % attendent de la reconnaissance pour leur engagement.
Viennent ensuite des attentes très fortes de justice, d’équité et de stabilité dans l’environnement professionnel.
Côté attractivité, trois critères dominent :
- 53 % : un bon salaire
- 36 % : des avantages adaptés à leurs besoins
- 30 % : de réelles perspectives d’évolution
Autrement dit : une expérience collaborateur qui combine climat de travail, reconnaissance, sécurité et projection dans l’avenir.
Le temps, nouvelle monnaie de l’engagement
L’étude pose aussi une question révélatrice : “Si vous aviez 4 heures libres de plus par semaine, que feriez-vous ?”
Les réponses montrent où se situent les priorités profondes :
- 37 % : passer plus de temps avec la famille et les proches
- 15 % : faire du sport pour rester en forme
- 14 % : trouver un second emploi pour gagner plus d’argent
- 12 % : profiter de bons moments (loisirs, détente…)
Quand les salariés parlent de ce qui leur manque, ils parlent d’abord de temps, avant même de parler d’argent.
Le message pour les employeurs est limpide : flexibilité, équilibre et autonomie valent de l’or. À l’heure où ces aspirations se généralisent, il appartient désormais aux RH d’adapter leurs politiques et leurs pratiques pour améliorer l’expérience collaborateur.