Marché du travail 2023 : l’embellie, mais des difficultés de recrutement pour les Ressources humaines

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Le marché du travail, point de rencontre entre l’offre et la demande, a été fortement perturbé depuis début 2020. Une politique active de l’emploi, avec un plan de relance, a permis de sauver certaines entreprises de la faillite, dont des mesures de chômage partiel pour éviter des licenciements.

Aujourd’hui, non seulement le taux de chômage en France diminue, mais on assiste également à une hausse de l’emploi et à une relance de l’économie française.

Ainsi, tous les indicateurs sont au vert ! Pourtant, malgré un marché du travail favorable, environ une entreprise sur deux[1] rencontre toujours des difficultés de recrutement en France. Quelles sont les raisons de ce décalage entre l’offre et la demande ? Quels sont les leviers à activer ? État des lieux et décryptage.

Le marché du travail en chiffres

Ces dernières années, et en particulier en raison de la crise sanitaire, le marché du travail a été en proie à de nombreux bouleversements, avec des impacts conséquents sur les chiffres de l’emploi.

Une baisse du chômage

Après une explosion de la croissance en 2021 (+7%), la baisse du taux de chômage a été significative au quatrième trimestre 2021 (-0,6% comparé au trimestre précédent), ce qui représente 7,4% de la population active (de 15 à 64 ans).

Ces résultats positifs ont particulièrement profité aux jeunes, dont le taux de chômage, à 15,9 %, a baissé de 3,6 points sur le dernier trimestre 2021.

Ils ont bénéficié en parallèle d’un recours accru aux types de contrats de travail d’alternance, probablement favorisé par les politiques actives de l’emploi dont les aides à l’embauche d’apprentis[2].

Notons que, depuis fin 2015, le niveau d’emploi des jeunes a augmenté de 5,3 points.En ce qui concerne les seniors de plus de 50 ans, le taux de chômage diminue à peine, avec 5,8%.

De plus, si les besoins de main-d’œuvre étaient déjà élevés avant l’épidémie, ceux-ci se sont encore intensifiés ces derniers mois, engendrant une recrudescence du recours à l’intérim, pour remplacer les salariés absents sur un marché du travail en tension.

Une hausse de la création d’emplois sur le marché du travail

La diminution du chômage s’explique, entre autres, par une augmentation de l’emploi conséquente, soit 648 200 créations nettes de postes en 2021 dans le secteur privé, selon l’INSEE[3]. Une augmentation de 3,3 %, dépassant de près de 300 000 emplois le niveau d’avant-crise, fin 2019.

De plus, l’Insee annonce la création d’environ 80 000 emplois au premier semestre 2022[4]. Indeed France souligne également une hausse du volume d’offres en mars 2022 (+5,8 % par rapport à janvier 2022), mais encore un volume d’offres d’emploi de + 35,5 % par rapport à l’avant-pandémie.

Cette amélioration du marché du travail, qui fait suite à la reprise d’activité post-crise sanitaire doit toutefois être relativisée. En effet, des incertitudes demeurent en raison d’éléments contextuels.

La guerre en Ukrainienne, mais aussi un éventuel rebond de l’épidémie Covid-19, font partie des aléas à envisager dans les prochains mois. Les conséquences seraient des difficultés d’approvisionnement, et/ou des arrêts d’activité d’entreprises.

Les secteurs qui recrutent

Les entreprises qui recrutent se situent dans quasiment tous les secteurs d’activité[5] : la santé, les services à la personne, la logistique et le transport, l’hôtellerie-restauration, le commerce, la grande distribution, l’informatique et l’IT, le BTP, et l’industrie.

De nombreuses créations d’emplois sont également envisagées dans les années à venir pour remplacer les départs à la retraite, notamment sur des métiers comme aide-soignant, aide à domicile, agent de propreté… En attendant, les entreprises de travail temporaire restent très sollicitées.

Le site Emploi store, vers lequel renvoie Pôle emploi, propose un accès simple et rapide aux informations du marché du travail, avec un moteur de recherche qui permet de sélectionner un métier, un secteur d’activité ou une région.

Des difficultés de recrutement persistent

Bien que la baisse du chômage soit significative, le nombre de demandeurs d’emploi reste élevé par rapport à d’autres pays de la zone euro[6]. Alors, comment expliquer le fait que les entreprises continuent à rencontrer des difficultés à recruter, et que les tensions sont même plus fortes qu’avant la crise sanitaire ?

Des raisons conjoncturelles

Si la réouverture de l’économie mi-2021 explique en partie la baisse du chômage, elle ne justifie pas une telle hausse des difficultés de recrutement. Plus d’une entreprise sur deux en connaît et 78 % des grandes entreprises s’attendent à en avoir au premier trimestre 2022, selon l’APEC.

Le marché du travail se caractérise aujourd’hui par un désajustement entre l’offre de travail (des travailleurs) et la demande de travail (des entreprises).

Or, comme le veut la loi de l’offre et de la demande, avec un nombre d’offres d’emploi supérieur à la demande, le marché de l’emploi est saturé et la plupart des secteurs d’activité en tension.

Un marché du travail embouteillé

Le problème est certes conjoncturel, mais avec la reprise de l’activité économique et une hausse de leur chiffre d’affaires, toutes les entreprises veulent embaucher en même temps et parfois, le même type de profil.

De fait, la concurrence entre les entreprises s’accentue, et ce, doublement, sur les métiers pénuriques. Les candidats ont donc le choix et s’adressent au mieux offrant. Le rapport candidats/recruteurs est pour ainsi dire inversé.

Des profils inadaptés aux besoins des entreprises

En ce qui concerne l’embauche de cadres, un baromètre[7] de l’APEC précise que les intentions de recrutement se maintiennent, mais que 78 % des entreprises s’attendent à rencontrer des difficultés de recrutement en 2022.

De même, en 2021, un quart des entreprises qui souhaitaient embaucher un/ou plusieurs cadres ont dû renoncer, essentiellement faute de candidatures adaptées au profil recherché ou, tout simplement, par défaut de candidats.

Des secteurs déjà en tension

Les problèmes de recrutement, qui étaient déjà présents en 2019, ont été exacerbés dans les secteurs ou métiers pénuriques, en raison de la conjoncture et de la concurrence accentuée par la reprise.

Les freins à l’embauche sont connus : manque d’attractivité, horaires décalés, pénibilité, bas salaires… Aussi, de nombreux postes à pourvoir dans ces secteurs restent encore vacants.

Les exigences des millennials

Autre élément à prendre en compte par les services ressources humaines : l’entrée des millennials sur le marché du travail et leur différence de culture. Plus mobiles, plus flexibles, mais aussi plus individualistes, ils restent en moyenne deux à trois ans dans une entreprise.

Leurs valeurs vis-à-vis du travail divergent également : il n’est plus question de travailler seulement pour gagner sa vie. Leurs motivations ? Le sens donné au travail, la qualité de vie, l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle.

D’une manière plus générale, le recrutement des millennials pose la question de l’attractivité de l’entreprise et de la marque employeur, qui concerne tous les profils.

Les leviers à activer

Différents leviers sont à mettre en place pour apporter, non pas une solution au chômage, mais pour réduire les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises et favoriser les embauches en contrat sur le marché du travail. D’ailleurs, ces dernières ont déjà en main une partie des réponses.

La formation professionnelle

L’une des raisons pour lesquelles les entreprises ont du mal à trouver des profils adaptés aux postes à pourvoir est le nombre insuffisant de personnes formées à leurs besoins spécifiques.

Des actions de formation sont donc à mettre en place au niveau institutionnel mais aussi au niveau des entreprises, par la formation interne et le recrutement d’apprentis.

Le développement des compétences

La gestion des talents en interne consiste à la fois à préserver l’employabilité des salariés et à entretenir la compétitivité de l’entreprise, à favoriser la mobilité interne et à fidéliser.

Un collaborateur avec de vraies perspectives d’évolution professionnelle sera plus motivé et engagé vis-à-vis de l’entreprise. De quoi séduire également les candidats potentiels…

L’amélioration des conditions de travail

Agir sur la qualité de vie au travail incite les salariés à s’engager. La prévention des risques, l’équilibre vie professionnelle et vie privée, les horaires variables, le télétravail, la reconnaissance des collaborateurs… sont autant de facteurs sur lesquels les DRH peuvent travailler.

De surcroît, une rémunération juste, adaptée au poste et à leurs compétences, favorise la rétention des salariés sur le marché du travail.

Des processus de recrutement à optimiser

Recruter rapidement permet de recruter des candidats très sollicités et plus volatiles qu’auparavant. Il s’agit plus précisément de réduire la durée du process de recrutement, pour plus de réactivité.

De plus, il est primordial de répondre aux attentes des candidats en commençant par les informer sur les différentes étapes du recrutement, du sourcing à l’entretien d’embauche.

Pour trouver un candidat avec des compétences spécifiques, il est possible de gagner du temps en ayant recours à un cabinet de recrutement spécialisé ou généraliste. De même, faire appel à un chasseur de têtes pour trouver des profils rares peut être une solution.

L’attractivité

Dans un quart des cas[8], les tensions de recrutement sont liées à des conditions de travail révélant un déficit d’attractivité, notamment les métiers comme infirmier, aide-soignant, conducteur routier, aide à domicile…

Des conditions de travail plus flexibles, qui tiennent compte de l’humain, améliorent l’attractivité de l’entreprise et, à terme, le nombre d’embauches prévues.

En optimisant la marque employeur et en communiquant sur sa valeur ajoutée, via notamment les réseaux sociaux comme Linkedin, l’entreprise devrait également réduire les tensions actuelles et donner envie à tout bon candidat de postuler.

Dans un contexte aussi concurrentiel et avec de nombreux recrutements à venir, les entreprises devront effectuer des ajustements pour attirer les candidats, qu’ils soient jeunes diplômés ou cadres expérimentés.

Hausse des rémunérations, formation des profils qui ne correspondent pas totalement aux besoins, bonheur au travail, optimisation de la marque employeur… sont autant d’actions à envisager pour concrétiser les perspectives de recrutement.

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[1]https://lelab.bpifrance.fr/enquetes/barometre-pme-novembre-2021-tensions-d-approvisionnement-et-difficultes-de-recrutement-freinent-leur-croissance

[2]https://travail-emploi.gouv.fr/formation-professionnelle/entreprise-et-alternance/aide-exceptionnelle-apprentissage

[3]https://www.insee.fr/fr/statistiques/6047341

[4]https://www.insee.fr/fr/statistiques/6010082?sommaire=6005764

[5]https://www.hiringlab.org/fr/

[6]https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/politiques-economiques/economie-francaise/chomage-en-france-les-chiffres/

[7]https://corporate.apec.fr/home/nos-etudes/toutes-nos-etudes/barometre-apec—1er-trimestre-2.html[8]https://dares.travail-emploi.gouv.fr/publication/quelle-relation-entre-difficultes-de-recrutement-et-taux-de-chomage

A propos de l’auteur/autrice

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